Si les biais cognitifs nous amènent à commettre des erreurs de jugement, nos diablotins* quant à eux peuvent retarder notre décision… jusqu’au point de ne jamais prendre de décision ! Car une décision n’existe que dans l’action qui la concrétise. Voici 7 diablotins malicieux et les antidotes pour échapper à leur emprise dans un contexte de prise de décision.
Le diablotin Hibou
« Ou, ou ! » dit le diablotin Hibou. Il ne cesse de passer d’une solution à l’autre sans parvenir à se décider. Celle-ci est-elle mieux que celle-là ? Ou bien le contraire ? Il oublie que pendant qu’il penche le pour et le contre de chaque option, le temps tourne.
Antidotes
- Poser calmement les avantages et inconvénients de chaque solution, en deux colonnes distinctes. Au besoins, nous pouvons nous donner des critères objectifs, voire pondérer ces critères en fonction de l’importance que nous leur accordons (1 point : importance faible ; 2 points importance moyenne ; 3 points : importance forte).
- Intégrer dans la liste des solutions possibles l’option ne rien changer. Si celle-ci présente plus d’inconvénients que les autres solutions, cela nous incitera à décider.
- L’ultime recours : la méthode des catastrophes les mieux assumées : supposons que chacune des solutions tourne mal : laquelle des situations de ce futur catastrophique assumerions-nous le mieux ?
Le diablotin Ne t’arrête pas (Perfectionniste)
Le diablotin Ne t’arrête pas n’arrête pas… de rechercher de nouvelles informations (il n’en n’a jamais assez) et de nouvelles solutions (elles ne sont jamais assez parfaites). « Et si j’attendais encore la prochaine évolution technologique ? »; « Et si je peaufinais encore ce produit avant de le lancer sur le marché ? » ; « En cherchant bien, je suis sûr que je peux trouver encore mieux ! ».
Antidotes
- Considérer le risque à ne pas décider : quelles peuvent être les conséquences ? Par exemple, un concurrent lance un produit similaire avant nous et prend des parts de marché que nous ne rattraperons pas. La situation traine et se dégrade.
- L’indécision prend du temps. Pour nous motiver, imaginons ce que nous pourrions faire d’autre au lieu de passer trois heures de plus à chercher la solution parfaite alors que nous en avons déjà une qui répond au besoin.
Le diablotin Cigale
Le diablotin Cigale est le roi des procrastinateurs. Dès qu’une tâche est un peu complexe, il trouve mille petites choses à faire plutôt que de l’accomplir. Or, prendre une décision est une chose délicate. « Bon, je ne sais pas, là. J’aurai les idées plus claires demain ! » Mais de demain en demain, il repousse sans cesse la décision.
Antidotes
- Procéder par étapes. Si nous ne sommes pas prêts à prendre la décision aujourd’hui, au moins pouvons-nous analyser le besoin et définir l’objectif, ou poser les différentes options possibles. Notre cerveau pourra incuber ces informations et se préparer à prendre la décision demain – vraiment !
- Fractionner la décision. Elle est peut-être trop lourde en un seul morceau. Quelle première décision pouvons-nous prendre pour avancer dans la résolution de la situation ? C’est en avançant que le chemin s’éclaire. La stratégie du toboggan repose sur ce principe.
Le diablotin Sois fort
Même lorsque la décision est complexe, le diablotin Sois fort prétend se débrouiller tout seul. « Je ne vais pas déranger les autres avec mes problèmes ». Alors il tourne en rond, son cerveau crée des arborescences infinies de possibilités et de scénarios probables. Or, une décision en suspens pèse sur notre mental et consomme beaucoup d’énergie.
Antidotes
- Questionner l’enjeu de la décision au regard de l’effort requis pour sa mise en œuvre : le jeu en vaut-il la chandelle ?
- Questionner de façon objective notre propre légitimité à prendre cette décision : « Est-ce à moi de prendre cette décision ? A moi seul ? Qui d’autre puis-je impliquer ou consulter pour être plus efficace et pertinent ? »
- Inclure dans les scénarios possibles l’option « ne rien changer » : décider de ne rien faire est mille fois préférable à ne pas décider. Cela nous permet de retirer de nos épaules le poids de la décision en suspens.
Le diablotin On
Le diablotin On vit dans le monde de l’esprit. Une fois les idées brassées, les solutions émises, la créativité épuisée, il se désintéresse de la mise en œuvre concrète. La décision à peine évoquée, « On fait comme ça ? » et hop ! Le voilà en route pour sa prochaine réunion créative.
Antidotes
- Réserver 5 à 10 minutes à la fin de chaque réunion pour formaliser précisément la ou les décision(s).
- Etablir dans la foulée le plan d’action simple pour concrétiser la décision : Qui fait Quoi exactement pour Quand ?
Le diablotin Sois sympa
Le diablotin Sois sympa s’autocensure par peur de prendre une décision qui pourrait froisser son entourage. « Si je fais ceci ou cela, ils risquent de mal le prendre ». En cas de divergence de point de vue, il se sur-adapte et accepte malgré lui une décision à laquelle il n’adhère pas.
Antidotes
- Demander n’est pas encore décider. C’est au contraire l’opportunité de construire une solution ensemble. Exprimons ce que nous voulons et pourquoi. Et en plus cela risque de marcher !
- En cas de désaccord, faire le test d’insister gentiment avec une personne bienveillante. Nous constaterons que la relation n’est finalement pas endommagée. Ce sera une bonne leçon pour notre diablotin.
Le diablotin Sancho Pança
Le diablotin Sancho Pança n’agit pas par peur des responsabilités. « Et si je me trompais, que va-t-il se passer ? Que va-t-il m’arriver ? ». En attendant, il laisse les autres ou la vie décider pour lui.
Antidotes
- « Et si les autres prenaient avant moi une décision qui ne me convient pas ? »
- Fractionner la décision, faire un test à petite échelle, prendre une première petite décision pour avancer sur le sujet… et constater que ce n’est pas la fin du monde.
- Une décision comporte toujours une part de risque, c’est normal. Accordons-nous le droit à l’erreur. Acceptons le principe de prendre une décision correctrice plus tard. C’est en avançant que l’on perçoit mieux ce qui est juste et pertinent.
Grâce à ces antidotes, nous pouvons prouver à nos diablotins que la prise de décision est non seulement possible mais bénéfique. Bonne nouvelle : plus nous prenons de décisions plus nous sommes capables d’en prendre. Et plus elles seront « justes ».
Retrouvez ces diablotins et d’autres dans la boîte à outils de l’efficacité professionnelle :
*Le concept des diablotins est emprunté à François Delivré.
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FERNANDEZ Nathalie Il y a 2 années
Le diablotin soit fort :
j’ai tendance à résoudre les problèmes seule, une habitude, pour ne pas déranger ou embarrasser mon entourage. En pensant qu’ils sont de ma responsabilité uniquement, c’est agile de penser qu’ils faudrait les soumettre à d’autres Directions, à mon manager pour obtenir des avis adaptés, d’autres manières de faire et pourquoi pas décider de ne pas prendre de décisions, puisque ce n’est pas évident.
La
Sylvie Cadot Il y a 1 année
Bonjour,
Pour ce qui me concerne le diablotin soit fort indéniablement. A plusieurs reprise demander de l’aide à mon N+2 n’a pas toujours été fructueux. Souvent pris comme un état de faiblesse et d’incapacité à gérer. J’ai tendance à résoudre les problèmes moi-même et cela me prend beaucoup d’énergie.
Jovin Nathalie Il y a 1 année
Il m’arrive avec un collaborateur en particulier d’être diablotin « sois sympas » et cela ne me convient pas car je préfère dire les choses dans le cadre d’un dialogue constructif. Mais avec cette personne qui monte tout de suite sur « ses grands chevaux », ce n’est pas si simple…
VINCENT Il y a 2 mois
Bonjour,
Une légère tendance au « diablotin sois fort »…
EMSELLEM Il y a 1 mois
Diablotin = faire seule
Diablotin = peur de froisser